Postface de notre étude sur le « Cocker américain »

Nous avons élevé un nombre significatif de Cockers américains. C’était au temps heureux où une réglementation liberticide n’avait pas encore rendu strictement impossible l’élevage amateur passionné… mais ceci est une autre histoire…

Nos Cockers ont tous été, sans exception, de merveilleux compagnons, comme d’ailleurs tous nos autres chiens, mais avec une spécificité propre à cette race : un caractère mariant avec bonheur une gaieté permanente jamais prise en défaut et une très grande stabilité. Des chiens drôles, amusants, mais qui savent « rester à leur place » et faire preuve de discrétion.

Les nôtres ont toujours été parfaitement entretenus et nous prenions, on s’en doute, le plus grand soin de leurs fourrures, conscience professionnelle de toiletteur oblige ! Pour autant, fort loin d’être des « chiens de salon » ! C’était tout le contraire ! Au cours de tant d’années à avoir couru presque quotidiennement avec des chiens, je puis témoigner en avoir fatigué plus d’un, qu’il fallait finir par attendre… Mais, à mon avis, impossible pour un « humain » ordinaire, c’est-à-dire coureur moyen, de venir à bout de l’enthousiasme d’un Cocker américain ! Ils sont à l’arrivée comme ils étaient au départ, frais, disponibles, donnant l’impression d’être « prêts à repartir » !

Tous nos Américains nous ont laissé de merveilleux souvenirs, mais celui dont nous nous souvenons avec le plus d’émotion était… une chienne, bicolore, noire et blanche, étrangement baptisée, je ne sais plus par qui, je ne sais plus pourquoi, « Éva » !

Dans la famille, elle avait trouvé sa place comme compagnie de mon épouse, mais tout le monde l’aimait et elle était l’amie de tous, tant de nos enfants que de nos autres chiens !

Nos enfants ? Ce soir-là, « le sort tomba sur le plus jeune », qui se trouva chargé d’aller « promener » les chiens, sur la dalle dite des « Olympiades », à Paris, un vaste espace exempt de tout risque de voiture, au-dessus duquel nous habitions. Ce soir-là, ce ne fut pas seulement le sort qui tomba sur le plus jeune, mais aussi, sinon sur lui, mais à quelques pas, une rafale de « pétards » balancés par des gamins du voisinage…, si près que tous, « hommes et bêtes » s’en trouvèrent plus que surpris, proprement effrayés…

Le temps pour « le plus jeune » de rassembler d’abord ses esprits, puis peu après les chiens qui lui étaient confiés, il lui fallut très vite se rendre à l’évidence, les esprits étaient tous revenus, mais l’un des chiens manquait à l’appel… précisément la petite Éva que nous venons d’évoquer…

L’ascenseur dut paraître bien lourd à notre fils désolé, qui dut finir par rentrer et nous raconter sa mésaventure… Après une partie de la soirée, puis de la nuit à chercher et appeler aux quatre points cardinaux des Olympiades et des quartiers environnants, puis le lendemain, toutes les démarches habituelles et les autres que tentent toutes les personnes qui ont perdu un chien, affichages divers, y compris bien sûr dans notre salon de toilettage, qui n’était pourtant pas si proche de notre domicile, les jours passèrent, il fallut bien se rendre à l’évidence : notre petite camarade Éva s’était comme proprement évaporée. Vous dire comme nous étions tous désolés, mon épouse plus encore que nous tous…

Trois semaines passèrent et toujours aucune nouvelle d’Éva ! Et puis un soir, peu après vingt heures… le « téléphone sonna » ! Et au bout du fil, le plus incroyable des récits ! Une voix féminine et pleine de promesses nous dit habiter un appartement rue Cuvier, le long du Jardin des Plantes, et avoir l’habitue de prendre l’air le soir à sa fenêtre, de laquelle elle avait une vue en direct sur la Ménagerie du Jardin. Or depuis quelques jours, un spectacle l’intriguait : tous les soirs, à peu près à la même heure, une forme noire et blanche, se faufilait dans les allées de la Ménagerie, entrant ici dans telle cage, là dans un parc, et semblant se délecter des restes des gamelles des occupants légitimes, qui semblaient n’y trouver aucun inconvénient. D’abord, notre interlocutrice avait pensé rêver. Mais l’une de ses amies, cliente de notre salon, lui avait rapporté que nous avions perdu une petite chienne… noire et blanche ! La vision n’était pas une vision… la taille correspondait… mais tout cela paraissait tellement étrange… à tout hasard, donc, la dame nous appelait.

Le soir même, nous étions au Jardin des Plantes. En vain, bien sûr, porte close. Dès le lendemain, nous y retournions. Nous racontons notre étonnante histoire aux gardiens, qui nous écoutent d’un air plus ou moins soupçonneux. On cherche, on appelle, les gardiens cherchent, ils appellent… Mais rien ! Abattus, profondément déçus… nous finissons par abandonner, notre interlocutrice a certainement rêvé…

Mais le soir même, nouvel appel : la dame ne rêve pas, ELLE VOIT, en même temps qu’elle nous parle, la vagabonde vagabonder dans les allées de la ménagerie…

Nous décidons alors de changer de stratégie. Nous persuadons les gardiens, qui se montrent compréhensifs. Et le soir, juste après la fermeture, et le départ du dernier visiteur, nous sommes devant l’entrée, accompagnés d’un autre de nos chiens, Héra, caniche royale blanche (grande caniche pour les puristes) dont le « nez » nous a toujours surpris. On nous laisse entrer. Aussitôt, je lâche Héra. « Éva, Éva, va chercher Éva ! Va chercher Éva ! » suppliais-je ! Pendant quelques instants, Héra me regarde : à sa tête, je comprends ! Elle est plus ou moins persuadée que j’ai perdu la mienne… Et puis soudain, la voilà qui hume en l’air ! Ses lèvres se retroussent, on lui voit les crocs… la voilà qui part, comme une bombe ; en un instant, nous l’avons perdue de vue. Le gardien n’est pas vraiment content… je le rassure, je suis sûr que la chienne va revenir… je n’ai pas fini de parler qu’au détour d’un bosquet, une flèche blanche, Héra qui court vers nous, au grand galop. Mais elle n’est pas seule ! Sa hâtant derrière elle… oui… non… si ! C’est bien Éva, qui toute joyeuse, se jette sinon à notre cou, du moins à nos jambes, et qui nous fait fête, et qui nous fait fête…

Le temps d’un grand merci aux gardiens, en route vers la voiture, les chiennes sur nos talons, sans laisse, comme toujours, Éva, comme si elle ne nous avait jamais quittés…

Enfin, pas tout à fait : la crasse sur le pelage et un insupportable « parfum » restaient les témoins inoubliables de sa grande aventure…

À un point tel que malgré l’heure avancée, la nécessité d’un détour par le salon s’est imposée comme une évidence… L’occasion pour moi de découvrir que malgré ses trois semaines de vie sauvage, notre aventurière n’avait rien perdu de ses bonnes manières, se laissant démêler, laver, sécher comme à l’ordinaire. L’occasion aussi de cette autre surprise : au contraire de toute attente, le démêlage, malgré trois semaines sans peigne et sans brosse, au gré de vents, pluies et ronciers, ne me fit pas rencontrer de réelle difficulté, et ce n’est pas si tard que cela que la petite chienne et moi-même nous retrouvâmes à notre domicile, où la vie reprit comme s’il ne s’était jamais rien passé.

Une simple anecdote ? Je vous le concède, mais plusieurs des conclusions que l’on peut en tirer justifient pleinement sa place dans ce guide !

Vous noterez d’abord que la race a su conserver ses qualités originales de chien de chasse : imaginer que sans autre entraînement, d’un jour à l’autre, un animal se montre capable d’échapper à tous les regards et de s’organiser pour survivre par lui-même, voilà qui force l’admiration ! Comment notre petite Éva a-t-elle rejoint, seule et sans aide, le Jardin des Plantes, ou bien sûr, elle n’était jamais allée ? Trois kilomètres à vol d’oiseau, ce n’est certes pas beaucoup, mais combien de rues à traverser, combien de carrefours ?

L’autre conclusion est plus en rapport avec la question qui occupe le présent guide : le toilettage. La chienne a passé trois semaines en extérieur, sans aucun soin, et cependant, le pelage n’était que peu ou pas emmêlé ! Cela confirme la théorie : un poil long bien entretenu et surtout jamais sectionné acquiert une très grande qualité, avec des franges solides et fortes, qui résistent bien à un milieu même agressif. Car il faut le noter, non seulement, je n’ai pas eu réellement de peine à démêler, mais la fourrure que j’ai ramenée à la maison n’avait presque rien perdu, ni en épaisseur, ni même en longueur : le poil allait toujours « à terre » ! Ce qui confirme une fois encore qu’un pelage conservé long s’entretient beaucoup plus facilement que le même pelage sottement raccourci !

Ma petite histoire pour boucler ce guide et vous encourager à commencer la vôtre : vous allez le découvrir, tout compte fait, votre Cocker américain vous donnera beaucoup moins de soucis que vous ne pourriez le craindre, tout comme il ne manquera pas de vous apporter beaucoup plus de joies que tout ce que vous pouvez imaginer…

Audreco formation
16, rue du Château des Rentiers
75013 Paris
France
Téléphone: 01 83 64 05 99

FORMULAIRE DE CONTACT

Les Ateliers d'Audreco
16, rue du Château des Rentiers
75013 Paris
France
Téléphone: 01 83 62 15 86
À l'École des Métiers de l'Animal de compagnie