Ce que l’homme a appris au chien !

Résumons : dominant un réflexe ancestral de défiance et de peur, certains loups, progressivement, prennent l’habitude de vivre dans le sillage de hordes humaines. Nul doute, ces dernières commencent par détester cet encombrant voisinage, puis le supportent plus ou moins, y trouvant même quelques avantages.

Ils le supportent d’autant mieux que ces loups familiers, qui sont, nous l’avons dit, nettement plus petits et plus frêles que les loups restés sauvages, restent peureux, relativement discrets et d’une agressivité considérablement diminuée. Ce n’est pas seulement cette taille plus réduite qui rassure nos ancêtres, c’est un je ne sais quoi dans l’expression, le comportement, qui, même chez l’adulte, continue de rappeler le louveteau.

Les temps étaient durs, et la vie rude pour notre ancêtre ! Pour autant, sa capacité de compassion est démontrée de cent manières, et nul doute que l’allure juvénile de ses petits voisins, ait joué en leur faveur.

Comment ces relations de voisinage sont-elles devenues des relations réellement familières ?

On ne le sait pas exactement, mais on en devine l’élément déclencheur : c’est la chasse !

Un gamin d’une tribu Cro-magnon s’est-il dit un jour : « Tiens ! Je vais faire quelque chose de sympathique et d’amusant : je capturerai l’un des ces loups qui rodent autour de nos campements, et comme il a meilleur flair que moi, je lui apprendrai à pister pour moi. Je n’aurai plus alors à me casser les pieds à parcourir des kilomètres pour parvenir à un hypothétique gibier : mon loup et moi irons droit au but, nous serons les premiers revenus au campement, la gibecière bien garnie, et toutes les filles à mes pieds ! »

Cette histoire à la Roy Lewis[1] a tout pour nous séduire, mais elle est bien sûr parfaitement invraisemblable. Tout s’est passé de manière beaucoup plus naturelle, progressive, et nous allons le voir, quasi inévitable : l’histoire s’est construite d’elle-même, en dehors pour ainsi dire, sinon de la volonté, du moins de l’intention des parties.

Les chasseurs quittent le campement : les loups, qui surveillent tout d’un coin de l’œil le remarquent aussitôt : si les hommes partent chasser, il y aura des restes, peut-être un festin ! Aussitôt, l’excitation est à son comble !

C’est l’évidence, nos ancêtres n’ont eu d’autre choix que de développer des stratégies qui s’accommodent, ou mieux, utilisent une présence qui n’était pas à priori souhaitée. Quelles stratégies ? On commence à avoir quelques idées là-dessus, mais cette question est tellement intéressante que je vous propose d’y revenir plus tard, de manière très approfondie. Pour le moment, retenons que l’homme n’a pas « dressé » le loup, devenu chien, pour en faire un compagnon de chasse, il s’est organisé pour orienter, puis utiliser les comportements naturels du chien, à son avantage !

En clair, le génie de notre ancêtre a été de découvrir les stimuli déclencheurs de comportements opportuns des chiens qui les accompagnaient ! (En psychologie, un stimulus – au pluriel, stimuli – est un agent matériel susceptible de provoquer un changement de comportement chez un sujet observé.)

Le chien, lui, a continué comme il avait commencé : il a agi selon son bon vouloir ! Et voilà à son tour démontré notre second théorème que nous pouvons énoncer ainsi, et malgré ce que cette énonciation aura de provocateur :

Second théorème: ce n’est pas l’homme qui a dressé le chien, c’est le chien qui a dressé l’homme !

C’est l’évidence : qu’est ce que l’homme a appris au chien ? Rien !

L’homme a seulement inventé des moyens de donner envie au chien d’adopter, aux bons moments, des comportements qui allaient dans le sens de l’intérêt des deux parties ! Il a découvert, mis en place, renforcé des stimuli : a-t-il eu l’illusion de son pouvoir ? Sans doute, nous avons bien l’illusion du nôtre !

Pourtant, nous allons le découvrir, la manière la plus rapide et la plus efficace d’éduquer un chien est de procéder… comme notre ancêtre, mais ceci est une autre histoire, sur laquelle nous allons revenir…

[1] Roy Lewis est l’auteur d’un ouvrage passionnant présentant sur un mode amusant les premiers pas des premiers hommes vers la civilisation : « Comment j’ai mangé mon père ! »

 

(Extrait du cours éducateur canin comportementaliste – AUDRECO)

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