Le Chant du brasier, chapitres 5, 6 et 7

L’attaque

Des jappements furieux viennent trouer la nuit. Une patrouille xorch’s rôde en dehors des murs de la ville. Elle est accompagnée de loup soumis, que les guerriers retiennent par des lianes épaisses. Loup-fauve n’est pas autrement surpris, il connaît bien et méprise profondément ces loups soumis, que Tenace et Xha connaissent aussi et dénomment molosses. Certes, ils sont plus puissants et plus grands que les loups sauvages, mais ils conservent toute leur vie, un comportement immature, continuant de japper comme des louveteaux, irrévocablement dépendants des deux-pieds, sans lesquels ils ne survivraient pas. Les Xorch’s les utilisent parfois pour combattre leurs ennemis, car leurs puissantes mâchoires peuvent briser net la patte d’un deux-pieds ; mais ils ne sont réellement utilisables que dans certaines circonstances particulières, car stupides, à peu près dépourvus d’odorat, presque sourds, et voyant mal, notamment la nuit, dans leur rage infantile, ils confondent facilement les alliés et leurs ennemis, et sont alors aussi dangereux pour les uns que pour les autres. C’est ainsi que dans le désordre des combats de la veille, on a préféré les garder enfermés. C’est d’ailleurs enfermés qu’ils sont les plus utiles, car, en réalité peureux, ils défendent avec rage un espace où ils jugent ne pas pouvoir s’enfuir ; mais même ainsi, ils ne restent pas sans dangers pour leurs alliés, qu’ils peuvent parfois ne pas reconnaître et qu’ils sont alors capables de dévorer comme des proies.

Les molosses de la patrouille ont-ils flairé le loup et les deux-pieds dans le bosquet ? Ou bien sont-ils seulement effrayés par l’ombre qu’ils perçoivent comme une menace ? Peu importe : incontestablement, les Xorch’s, sans doute intrigués, s’approchent ! Loup-fauve perçoit immédiatement le danger pour ses compagnons, qui auront de la peine à résister à l’assaut de molosses, secondés par les Xorch’s. Sans hésiter, il sort du bosquet par l’arrière, et décrivant une large boucle, se rapproche de la patrouille en longeant la muraille ; alors, bien visible sous la lune, à moins de cent pas de loup, il pousse vers la lune, toujours aussi vive, un long hurlement de menace !

Aussitôt, les jappements des molosses, rendus furieux, deviennent assourdissants : tous en ont oublié le bosquet. Les Xorch’s à leur tour ont deviné l’ombre noire ; les lianes sont tranchées, les molosses s’élancent, aussitôt suivis de leurs maîtres.

D’abord, Loup-fauve les attend ; puis il se met à trottiner, en sens contraire du bosquet ; derrière lui, les fauves se rapprochent ; ils galopent furieusement, ce que le loup, avisé, se garde bien de faire ; bientôt, les deux plus rapides sont à le toucher, le loup sent le claquement des mâchoires presque contre sa chair ; au moment d’être atteint, un crochet vif sur le côté surprend complètement les poursuivants, les premiers, déséquilibrés, roulent sur le dos, les autres ne parviennent pas à les éviter ; pendant ce temps, le trot ample et puissant de Loup-fauve lui fait gagner de précieuses foulées ; bien sûr, les molosses se reprennent ; ils se rapprochent à nouveau ; plusieurs fois, Loup-fauve répète avec le même succès sa manœuvre, obliquant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre ; très vite, le galop des poursuivants se trouve épuisé ; hors de souffle, nombreux sont ceux qui s’écroulent, asphyxiés. L’un d’entre eux, particulièrement affaibli, ne se relèvera pas.

Le loup n’a bientôt plus de poursuivants. Impavide, ralentissant à peine, celui-ci continue sa course. Encore un instant, et il est totalement invisible pour les Xorch’s, qui désappointés, récupèrent leurs animaux désormais inutiles, et reprennent le chemin de la cité. Plus aucun d’entre eux ne se soucie du bosquet, que le loup rejoint sans encombre. Il y retrouve les deux-pieds ; ces derniers, qui ont assisté impuissants et inquiets à toute la scène, maintenant soulagés, lui font silencieusement fête.

Puis chacun reprend sa position de veille, guettant avec attention le moindre signe au pied de la muraille.

Le rapt

D’abord, Loup-fauve, malgré tous ses efforts, ne distingue personne. Les ombres vont et viennent, longeant les parois tout au long des sentiers, mais le loup n’en reconnaît aucune. Et puis soudain, un visage apparaît juste à l’entrée d’une tanière, au ras du sol. Le deux-pieds rampe pour s’extraire de ce qui constitue un étroit tunnel. Usi. La deux-pieds l’attendait avec inquiétude. Usi lui fait signe ; Deng est seul dans la fosse ; le passage sous la pierre ? Sans doute le moine ; il sera sorti après que les gardes aient été endormis, personne ne l’aura remarqué. Deng ? Comme l’avait annoncé la Voix, il a cessé de souffrir.

Avec ardeur, la deux-pieds saisit la main d’Usi : il faut qu’ils s’enfuient ! On le devine, le sommeil de certains gardes se fait plus léger ; qu’attendre de plus à présent ? Impuissant, le loup voudrait à son tour que les deux-pieds prennent la fuite ; mais il sait qu’Usi n’en fera rien ; celui-ci veut extraire le corps de la fosse ; le passage est trop étroit pour y glisser deux corps en même temps ; il faut trouver une liane ; résignée, la deux-pieds fait signe d’attendre et se glisse parmi les dormeurs ; certains Xorh’s utilisent pour combattre de longues lianes qu’ils lancent et qui viennent comme des reptiles s’enrouler autour de leurs ennemis, les réduisant à l’impuissance ; une telle arme, la deux-pieds en a repéré au moins une, près de l’un des dormeurs ; rapidement elle s’en empare ; Usi remercie d’un signe de tête : vivement, il retourne dans la fosse ; en ressort quelques instants plus tard ; ici et là, des dormeurs s’agitent ; le temps presse ; la deux-pieds guette ; un dormeur s’est éveillé ; sidéré, il regarde sans comprendre ; la deux-pieds ne lui laisse pas le temps de crier ; sans attendre, aussi déterminée que l’eut été Usi, elle lui enfonce une petite branche dans la gorge ; le Xorch’s meurt, sans bruit ; aussitôt, la deux-pieds est aux côtés d’Usi ; tous deux tirent sur l’extrémité de la liane, qu’Usi a conservée dans sa main. Bientôt le corps de Deng apparaît, ceinturé par la liane ; la terre dans le passage est meuble ; facilement et sans dommage, le corps y glisse ; Deng est complètement sorti du passage ; Usi prend le corps dans ses bras ; la deux-pieds ouvre le chemin, elle guide Deng parmi les dormeurs ; bientôt, ils sont dehors ; il faut rejoindre la porte secrète dans la muraille ; au-delà de la porte, quatre coureurs attendent les fuyards ; ils se chargeront de la dépouille ; ce sont de bons coureurs ; même si les Xorch’s découvrent leur fuite et tentent de les poursuivre, ils ne seront pas rattrapés.

La deux-pieds met un doigt sur ses lèvres ; elle a compris ; elle connaît les passages et les sentiers, elle guidera Usi ; mais il faut se hâter ; de l’antre devant la fosse s’échappe un murmure sourd ; plusieurs des gardes doivent sortir de leur torpeur : comprendront-ils ? Donneront-ils l’alerte ? Il faut se hâter.

Aidé de la deux-pieds, Usi charge le corps sur ses épaules. Celui-ci n’est certes pas très lourd ; et bien que lui-même de constitution plutôt moyenne, sa détermination décuple les forces du porteur. Dans la nuit, rasant les murs et recherchant les zones les moins éclairées par la lune, la deux-pieds et Usi derrière elle, prennent leur course.

D’un grondement sourd et presque inaudible, Loup-fauve a prévenu ses compagnons : tous sont prêts à bondir aux pieds de la muraille.

Les comploteurs

— Est-ce que tu en es sûr ?

À la question de l’Empereur, Barah ne répond pas ; mais le sourire cruel que l’on devine à la lueur des torches ne laisse aucun doute.

Perspectives nouvelles et inattendues. L’Empereur le sait, tous ont été surpris par la rapidité de sa réaction : l’ordre donné aux hommes de Xiri de rallier les forces de la cité ! Précieux conseils de Deng ! Une seule course a libéré la cité du poids insupportable d’un excès de guerriers. Et ce désastre effacé en quelques mots ! Tous les comploteurs brutalement muselés ! Xiri dans la ville, certes, mais un Xiri vaincu, humilié, un Xiri soumis ! Sous le masque de cérémonie, le Grand-prêtre glacé d’épouvante : que sait l’Empereur, qu’a-t-il deviné ? Mais qui peut se vanter de lire dans l’âme de Malbu ? L’impératrice, à son tour, a tout perdu de sa superbe : humble, mendiant les bonnes grâces. Quant aux autres princes et aux prêtres, pas un qui n’aille autrement que l’échine basse.

Mais l’habile Malbu sait trop qu’aucune victoire n’est jamais durable ; Xiri, même écrasé, reste un serpent mortel ; sitôt qu’il le pourra, il reconstituera ses réseaux ; et ses anciens guerriers lui resteront fidèles. Un Xiri vaincu reste une menace ; mais un Xiri reconnu sacrilège ne pourra plus jamais rien chez les Xorch’s !

— C’était la nuit ! Comme peux-tu savoir qu’il s’agissait d’un homme ?

— Une Isiatile ? Aucune ne serait allée au sanctuaire à une heure aussi tardive. Non, Barah ne s’est pas trompé ; l’être qui suivait Xiri au pied du sentier n’était pas une femelle ; un guerrier, plutôt de petite taille, certes, mais un guerrier.

— Un moine ? Un prince ?

— Barah a vérifié, aucun moine, aucun prince n’a quitté la cité hier soir ; le guerrier n’était pas un Xorch’s.

Un étranger a donc grimpé jusqu’au plateau du petit sanctuaire, où seuls sont admis les initiés, princes et prêtres, et les Isiatiles ; Xiri ne l’a pas tué ; et il n’a donné aucun ordre pour faire capturer l’impie par son escorte ; Xiri complice d’un sacrilège ; mais que complote son frère avec le guerrier inconnu ? De cela, l’espion n’a rien pu deviner !

— Aussitôt dans la plaine, le guerrier s’est fondu dans la nuit ; Barah a voulu le suivre, mais il a perdu sa trace. Et très vite, Xiri a donné l’ordre de marcher vers la cité.

— Je te remercie pour ces informations ; retourne auprès des gardes ; Xiri voudra certainement reprendre contact, d’une façon ou d’une autre, avec l’étranger ; continue d’observer et de me faire savoir tout ce que tu pourras observer de suspect !

***

— Les gardes se sont trompés !

— Les gardes ne sont pas trompés, Margus a compté aussi.

Les épaules de Xiri s’affaissent légèrement. Une immense lassitude le submerge ; tant d’efforts, tant d’échecs ; et ce nouvel imprévu, que vient de lui annoncer Margus. Un homme de l’escorte qui a tantôt accompagné Xiri vers le plateau est déclaré manquant. Or les gardes sont formels ; dans l’obscurité, ils n’ont pas déchiffré les visages ; mais ils ont compté les guerriers ; autant d’hommes de l’escorte, autant d’hommes comptés !

— Le guerrier manquant a peut-être rejoint une femme dans la nuit ; il sera là dès l’aube !

— Margus connaît bien le guerrier ; ce dernier n’a pas de femme, ni dans la cité, ni ailleurs ; et de nature plutôt soumise, il ne se serait pas absenté sans prévenir.

Si les gardes et Margus ont raison, cela ne fait aucun doute, un inconnu a profité de l’escorte pour s’infiltrer dans la cité. Mais dans ce cas, qu’est-il advenu de l’homme manquant ?

— Laisse-moi refaire le chemin, implore Margus ; si notre homme est blessé, il faut lui porter secours !

À moins que l’on ne retrouve sa dépouille…

— Va, acquiesce Xiri, prends quatre hommes avec toi.

— Ceux de l’escorte sont fatigués ; je ne prendrai qu’un seul volontaire parmi eux, qui nous guidera.

Xiri fait un signe de tête, approbateur.

— Viens me rendre compte, aussitôt ton retour, dit-il seulement.

Margus s’éclipse dans la nuit. Xiri s’allonge ; il ne peut rien faire à présent ; les patrouilles rodent dans la ville ; si un étranger veut s’y déplacer, il se fera prendre ; et c’est là qu’il faudra être présent : l’étranger, s’il est pris, ne doit pas avoir le temps de parler.

***

Margus est contrarié ; un seul des hommes de l’escorte s’est porté volontaire : Barah ; Margus se défie de Barah ; pourquoi ? Il ne sait pas. Un excellent guerrier, intrépide et dur à la peine ; malgré tout, Margus se défie de lui ; il n’a pas réellement le choix ; les autres guerriers sont épuisés, et il ne trouve aucun prétexte pour écarter Barah. Il devine pourtant, à la lueur de la torche, comme une lueur de sourire cruel et satisfait sur le visage impassible du volontaire. Équipé de torches, on se met en route aussitôt ; les gardes ouvrent la porte et comptent les sortants.

***

Allongé, Xiri essaye de dormir ; mais trop de pensées, trop de violences, trop d’angoisses se heurtent dans sa mémoire ; la course de Nam, et le long supplice de la défaite de ses guerriers ; la lutte farouche pour abattre le traître, ou au moins sa nièce insolente ; la violence des combats contre les ennemis des Xorch’s et les loups, surgis soudain de partout à la fois ; d’abord, la rage de traiter comme elle le mérite l’arrogance des envahisseurs ; peu à peu, le poids du nombre, la terreur, folie et fureur, pour échapper à la mort ; l’épuisement, la longue plainte des mourants ; brefs instants de repos ; la course vers le sanctuaire ; le mensonge à Margus ; « il faut s’assurer qu’aucun impie n’a violé le sanctuaire sur le plateau ! » Margus l’a-t-il cru ? Fidèle, il a voulu assurer la mission à la place de son chef. Margus n’est pas initié, il ne peut se rendre sur le plateau. À contrecœur, ce dernier s’est résigné. La course vers le plateau, l’ascension sur le chemin, malgré la fatigue, ou peut-être à cause d’elle, l’excitation déchaînée, l’espoir de la femelle qu’il sait l’attendre là-haut, la furieuse tendresse de ce corps tiède qu’il connaît bien, et dans lequel il aime à se noyer ; ce corps qui désormais, tout à sa merci, ne peut plus rien lui refuser ; aucune des princesses xorch’s, aucune des putains de la cité, même les plus savantes, ne lui donne une miette du plaisir que lui délivre la Donze ; la femelle désirée, rêvée, devinée sous la lune ; la femelle consentante et brûlante, offerte sur l’herbe molle ; mais au moment du plaisir, l’affolante blessure de la lance sur ses reins ; fureur, contrariété, rage impuissante ; quel est ce guerrier à la voix de glace, dont il n’a pu discerner le visage ? Xiri a-t-il perdu la raison ? Il sait pourtant bien quel démon il a cru reconnaître à la lueur de la lune ! Mais ce n’est pas possible ; le mourant est enfermé dans la fosse, et gardé par les meilleurs des combattants xorch’s ; ces ragots de pouvoirs surnaturels murmurés sous le manteau dans les ruelles ? Un don d’ubiquité ? Pour expliquer la soudaine apparition, comme surgie de nulle part, sur le plateau ? La donze était-elle complice ? Non, la terreur brutale du corps en dessous du sien ne peut être feinte, la Donze a été aussi surprise que lui ; mais connaissait-elle leur agresseur ? Rien ne permet de le penser. Et la disparition soudaine au pied du sentier ? Comme un esprit s’évapore dans la nuit ? Et maintenant, ce soldat manquant ? Xiri est-il entouré d’esprits qui veulent sa perte ? Les âmes mortes du plateau veulent-elles venger le viol du sanctuaire ? Xiri est un initié, son esprit est fort ! Les âmes mortes, croyances pour le peuple ! Les initiés savent ! Mais tant d’évènements impurs ! Xiri n’aurait-il été que partiellement initié ? Xiri se retourne, tous ses membres sont douloureux ; que se passera-t-il demain ? L’un des hommes de l’escorte a-t-il remarqué que Xiri n’est pas descendu seul du plateau ? S’il s’agissait de l’homme qui manque à l’appel ? Si cet homme allait parler ? On ne le croira pas, on pensera qu’il a perdu la raison. Qui osera mettre en balance la parole de Xiri et celle d’un simple guerrier ? Mais s’il prenait caprice à Malbu de prétendre en savoir plus ? Que pense réellement Malbu ? Quelles sont ses intentions secrètes ?

Et les compagnons de Varna ? Que sont-ils devenus ? On ne les a pas vus au pied du sentier. Que vont-ils faire ? Ils se seront sans doute cachés à l’arrivée des hommes de Xiri. Mais ensuite ? Ont-ils tenté l’ascension du plateau, pour rejoindre Varna ? Se sont-ils fait massacrer ? Ont-ils tenté de rejoindre leur tribu ? Ou bien Varna a-t-elle menti ? Est-elle venue sans escorte ? Les Donzes sont une race furieuse ! Malgré tout son ascendant, Varna n’a peut-être trouvé personne pour la suivre chez les Xorch’s ! Tant d’incertitudes…

***

Quelqu’un le touche à l’épaule ! Il s’arrache du sommeil où il avait fini par sombrer ; c’est Margus ; il a l’air soucieux.

— La patrouille a retrouvé notre guerrier manquant ; un trou dans la gorge ; et dépouillé de ses vêtements de guerrier.

Cette fois, la vérité apparaît, crue. Un homme a tué le guerrier, s’est emparé de ses vêtements. Puis il est certainement venu se mêler à ceux de l’escorte, sans être découvert, protégé par son déguisement ; il a trompé leur attention ; comme celle des gardes à la porte ; il s’est fondu dans la cité. Que veut-il ? Qui est-il ?

— Il faut absolument retrouver l’intrus, murmure Xiri. Mort ou vif. Mort de préférence.

— L’alerte est donnée ; les patrouilles sont doublées, y compris celles à l’extérieur de la cité. L’intrus doit se terrer quelque part, et à moins d’être un démon, il se trouvera pris à son premier mouvement !

Xiri acquiesce. Mais ce que dit Margus n’a rien de rassurant ; l’homme est peut-être un démon.

— Qu’on me conduise ici tout suspect arrêté, avant tout interrogatoire. Un de mes hommes a été lâchement assassiné ; le droit de vengeance me revient en priorité.

Maintenant Xiri ne pourra plus trouver le sommeil : un danger terrible rôde dans la cité ; un danger terrible, en priorité pour Xiri lui-même : que dira l’intrus, s’il est pris ? Xiri reprend un peu confiance : l’intrus ne semble pas connaître la langue xorch’s…

***

L’Empereur fait un signe à Barah : il sait déjà. Il a été informé aussitôt que l’ordre de doublement des patrouilles a été donné.

— Barah a trouvé autre chose, que les autres guerriers n’ont pas remarqué.

— ?

— Pendant que ses camarades creusaient le sol pour épargner au cadavre le dépeçage par les bêtes sauvages, Barah a remonté une piste suspecte ; il n’a pas eu à marcher longtemps ; moins de cent pas en arrière, il a trouvé trois autres morts ; même à la faible lueur de la lune, il a pu le voir : les gorges des trois hommes ont été trouées de la même manière, avec une incroyable habileté ; ils sont morts, peut-être même sans en avoir conscience, certainement sans avoir proféré le moindre son !

— Des Xorch’s ?

— Non, des étrangers ; peut-être des Bakous ; ou des Donzes.

— Qu’en penses-tu, demande l’Empereur ?

— Un combattant d’une valeur exceptionnelle, répond Barah, un combattant remarquable est passé là !

— Et penses-tu que ce même combattant se soit introduit avec votre patrouille dans la cité ?

— Seul un être d’une extrême habileté et d’un remarquable sans-froid a pu tromper les hommes de la patrouille et ceux de la garde !

Malbu congédie Barah ; ayant laissé à ce dernier le temps de disparaître, il frappe le sol du pied ; à l’homme qui se présente presque aussitôt, il ordonne :

— Cours auprès du chef de la garde ! Tous les suspects qui seront arrêtés par les patrouilles doivent être présentés, vivants, à l’Empereur lui-même ! La mort d’un suspect, ou le fait de l’avoir laissé parler à qui que ce soit avant que je ne l’aie vu sera cruellement puni !

L’empereur reste seul et pensif. Le mourant dans la fosse continue-t-il de peser sur les destins ? Et Xiri de se prendre au piège de ses mensonges ? Le mourant ! Cet homme étrange ! Qui est-il ? Que veut-il ? A-t-il quelque plan pour échapper au sacrifice que l’Empereur s’est trouvé obligé d’ordonner ? Sera-t-il encore vivant demain ? Il paraissait si faible, et déjà si loin, tantôt dans la fosse ; mais le moine l’a juré, il veillera, le condamné verra l’aube. Malbu doute ; mais si le condamné meurt, le moine en est prévenu : ce dernier accompagnera le mort de l’autre côté du monde.

Qui peut-être cet étrange personnage qui s’est introduit dans la cité ? Usi ? Ce qu’en a décrit Barah donne à le penser. Cependant, malgré les affirmations d’Hongria, l’Impératrice, Malbu garde l’intime conviction que Deng et Usi ne sont pas deux êtres différents. Usi, un double de Deng ? Usi, revenu pour sauver Deng ? Ou pour prendre sa place ?

Soudain, un doute s’empare de l’âme de l’Empereur. Brutalement, il frappe le sol. Un garde se présente à l’instant.

— Réunis une cohorte, je veux marcher jusqu’à la fosse ! 

 

 

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