Le Chant du brasier, chapitres 8, 9 et 10

La garde

Dès qu’ils sont arrivés aux abords de la cour qui garde la fosse, Malbu a compris. Le silence ! Une cohorte qui veille n’est pas silencieuse ! Pour distraire leur ennui, les guerriers ont-ils abusé de liquides de joie ? La fatigue des combats de la veille est-elle venue à bout de leur résistance ? On entre dans la cour ; abrutis, effarés, sidérés, les uns après les autres, les gardes s’éveillent ; bientôt tous regardent du côté de la fosse, le passage bien visible ménagé sous la pierre.

L’Empereur n’a pas besoin d’en voir plus ; mort ou vif, le prisonnier a trouvé le moyen de quitter la fosse ; mort sans doute ; emmené par cet homme mystère repéré par l’espion ; Malbu réfléchit rapidement ; la disparition du prisonnier sera du plus mauvais effet auprès du peuple : comment expliquer un tel affront à la puissance impériale ? L’attention des meilleurs soldats de l’Empire, prise en défaut, comme celle de recrues débutantes ? Quel parti les ennemis de l’Empereur ne vont-ils pas tirer d’une situation aussi ridicule ? Mais rien ne presse ; le sacrifice n’est prévu que pour le mitan du jour prochain : d’ici là, tant d’imprévus peuvent s’organiser ! Tant de manières d’écrire l’histoire restent possibles, y compris celle qui magnifiera l’empereur et tournera au déshonneur de ses adversaires. L’Empereur le sait depuis longtemps : ce ne sont ni les faits, ni les scribes qui écrivent l’histoire, ce sont les puissants. Et qui dans l’Empire se trouve plus puissant que lui ? Après tout, Malbu conserve un avantage considérable : il est le seul à savoir ! Un avantage qu’il faut conserver le plus longtemps possible !

Le chef des gardes se présente, profondément troublé ; d’un geste, Malbu interrompt ses velléités d’explications. Impassible, il traverse la cour, en direction de la fosse : les gardes s’écartent respectueusement tandis qu’il marche. Parvenu devant la pierre, il fait un signe : il veut qu’on la lui déplace ; les hommes de l’escorte font mine de l’accompagner ; d’un geste, il les retient ; il veut aller seul ; le chef de l’escorte veut parler ; le prisonnier est un dangereux criminel ; l’Empereur ricane ; un prêtre et un malade ! Qu’a-t-il besoin d’escorte ? Le voilà derrière la pierre ; on lui donne une torche ; il ordonne qu’on pousse la pierre derrière lui ; il hélera quand il voudra sortir ; de longs instants passent ; si longs que les hommes de l’escorte et ceux de la garde s’interrogent ; que se passe-t-il dans la fosse ? Devraient-ils intervenir ? Au risque de fâcher l’irascible Malbu ? Viendra pourtant bien un temps où il faudra intervenir ! Mais quand ? On s’impatiente ; on patiente. Finalement, la voix de Malbu se fait entendre ; on pousse la pierre, qu’on referme aussitôt ; l’Empereur est impassible ; il dit seulement : « Le prisonnier dormait quand le moine s’est enfui ; il n’a rien vu ; il ne l’a pas vu creuser. Le moine devait avoir avec lui quelque sortilège qui a endormi tous les hommes de la garde. »

Il avance jusqu’au milieu de la cour ; puis il dit, glacial : « Le moine n’a pas pu déjà quitter la cité ; il me le faut, le plus tôt possible. Vivant. »

Il marche encore un peu, puis reprend : « s’il est dans la ville, c’est aux guerriers de le trouver. S’il est au palais, les hommes de mon escorte le trouveront ; et s’il croit trouver refuge au sanctuaire, les prêtres et les Isiatiles dénicheront ce rat, où qu’il se terre. » Puis plus bas, comme s’il se parlait à lui-même : « Que ce rat soit ou non au sanctuaire, les prêtres devront expliquer au peuple pourquoi l’un des leurs s’est arrogé le droit de trahir la cité. »  Trois pas, trois mots, le doute plus que suggéré. Cette fois, il va résolument vers la sortie de la cour. Pourtant au moment de quitter celle-ci, il se retourne une dernière fois et prononce : « À cet instant, toutes les personnes qui savent que le moine a trouvé le moyen d’endormir toute la garde sont toutes présentes ici. Si le bruit s’en répand dans la ville, il ne pourra venir que d’ici. L’Empereur devra prendre des mesures. Mais tant que le peuple ne sait rien, pas de mesures. Le moine est recherché, le peuple n’a pas besoin d’en savoir plus. Pour le moment. »

Cette fois, l’Empereur quitte la cour, laissant les gardes profondément médusés ; mais pas un ne parlera.

Tout en marchant, l’Empereur fait un signe au chef de la garde ; celui-ci vient à ses côtés.

— Il est certainement déjà quelque part dans le sanctuaire ; il sera presque impossible de l’y trouver, il a sûrement des complices qui vont l’aider à disparaître ; ne perdons pas notre temps à le chercher ! Tôt ou tard, il voudra utiliser l’une des sorties secrètes, c’est là qu’il faut l’attendre ; fais doubler les patrouilles à l’extérieur, et tout particulièrement à la hauteur du jardin des Isiatiles. Un moine-rat, ça ne va pas courir vite, une patrouille aura tôt fait d’en venir à bout.

— Cela sera fait, les patrouilles ne laisseront passer personne, un moine moins qu’un autre. Mais quelle folie s’est emparée du moine ?

— Il a sans doute cru que le prisonnier allait passer ; il n’a pas osé assumer ce trépas. Il a préféré prendre la fuite par avance ! Il s’est bien trompé ! J’ai trouvé le prisonnier en pleine forme, comme soulagé de se trouver sans surveillance ! Prêt pour son supplice demain !

— Comment le moine s’y est-il pris pour la garde ?

— Il a sans doute des complices, qui ont versé ce qu’il fallait de sortilèges dans les breuvages des gardes. Les moines et les prêtres, une confrérie qui protège les siens !

L’échec

Figé comme une pierre, le loup ne bouge pas ; mais tout son être exprime une extrême tension. Subjugués, les hommes ne le quittent pas des yeux.

Jusqu’à présent, le couple en fuite jouit d’une chance incroyable. Personne ne les a vus quand ils ont traversé la cour. Pas un de gardes n’a regardé dans leur direction. Ensuite, ils ont contourné le brasier préparé pour le sacrifice, sans rencontrer aucun deux-pieds. Et ils sont maintenant à l’entrée du sanctuaire. Un moine guerrier veille. Usi reste dans l’ombre, avec son fardeau. Le moine ne devine pas sa présence. Il n’aperçoit que la deux-pieds, dont il devine le sourire à la clarté de la lune. La deux-pieds demande le passage pour entrer dans le sanctuaire. Le moine ouvre la porte. La deux-pieds passe à toucher le moine. Ce dernier se trouve soudain comme aspiré par le parfum de la femelle, qui lui sourit toujours. La deux-pieds s’écarte de quelque pas, et sans cesser de sourire, fait un geste en direction du moine. Ce dernier hésite. Il doit garder la porte. Mais la femelle dans la nuit paraît si séduisante ; il s’approche d’elle, elle recule un peu ; il s’avance encore.

L’angoisse fait dresser les poils sur l’échine du loup : silencieux, mais bien visible, son fardeau sur les bras, Usi apparaît dans la clarté ; mais le moine n’a d’yeux que pour la femelle. Déjà Usi a franchi la porte, il disparaît dans la pénombre. Le moine se retourne vivement : a-t-il perçu quelque chose ? Mais il ne voit rien, il ne devine rien. Quand il regarde à nouveau dans la direction de la deux-pieds, celle-ci a disparu à son tour, comme avalée par la nuit. Le moine reste perplexe. La deux-pieds, un rêve ? Ou bien, a-t-il commis quelque erreur ? Un moment, il est tenté de partir à la recherche de la femelle, pour en avoir le cœur net. Mais il ne peut pas quitter son poste. Appeler pour se faire remplacer ? Mais il faudrait avouer le doute d’une défaillance ; alors qu’il ne s’est certainement rien passé, rien d’anormal ; rien d’anormal, c’est certain ; le moine pousse la porte, rassuré. Loup-fauve se détend. Les deux-pieds, à ses côtés, s’apaisent à leur tour.

À présent, une grande salle, au centre de laquelle une vaste pierre plate : une flamme douce et régulière au mileu de la pierre ; une deux-pieds semble veiller sur la flamme comme une femelle ses petits ; tout autour, ici et là, des deux-pieds, revêtus de longues robes brunes, sur des estrades de bois, en position assise ; certains sommeillent ; d’autres, la tête entre les mains, murmurent et grommellent doucement ; Usi s’est allongé, le dos au sol ; au-dessus de lui, dans ses bras, le mort ; Usi rampe en poussant des pieds et roulant sur les épaules ; il va dans l’ombre, derrière les deux-pieds ; personne ne remarque la dépouille, qui se déplace lentement, doucement, mais régulièrement, se rapprochant toujours plus de Loup-fauve et du bosquet. De loin en loin, des branches de feu accrochées contre la muraille diffusent une lumière sombre, qui soucie le loup ; à tort ; leur lueur éclaire les visages sur les estrades, mais n’atteint pas le sol : un regard deux-pieds n’y peut rien discerner. Patient, déterminé, les dents serrées, les muscles noués par l’effort, Usi progresse toujours.

Le passage au fond de la salle ; puis la clairière avec son quadrillage de sentiers ; la pierre de la muraille : Loup-fauve retient son souffle ! Usi va-t-il réussir son incroyable pari ? Il n’est plus très loin, maintenant ; le loup gémit doucement ; c’est pour Arua et ses compagnons ; ceux-ci doivent se tenir prêts à bondir !

Toujours rampant, Usi est parvenu au fond de la salle ; il est entré dans une sorte de tunnel ; il n’est plus visible des deux-pieds dans la salle ; la femelle a précédé Usi ; elle pousse doucement ; puis plus fort ; le mur cède, doucement ; un léger courant d’air vient caresser les deux-pieds ; Usi, au bord de l’épuisement, respire longuement, reprenant quelques forces ; bientôt, ils sont dehors, à l’air libre, seuls dans une grande clairière coupée de sentiers droits ; le jardin des Isiatiles, murmure la femme ; Usi s’est redressé ; il essuie son front, baigné d’humidité ; une humidité qui lui brûle les paupières et les yeux ; le loup le sait, les deux-pieds, comme certains gibiers, produisent de la pluie sous l’effort ; Usi respire mal ; la deux-pieds lui prend la main ; dans la clairière aux sentiers droits, personne ne viendra les chercher ; Usi peut reprendre des forces ; Usi doit reprendre des forces. Ils attendent un peu.

Des bruits sourds, venant de la cité, arrivent jusqu’à la clairière, et même jusqu’au bosquet ; des aboiements de deux-pieds, nombreux pas sur les pierres des sentiers ; Usi entend, et la femelle entend à son tour ; il ne faut plus attendre, il faut s’enfuir ; il est peut-être encore temps, il est peut-être déjà trop tard ; le loup halète nerveusement ; Usi s’est redressé ; avec l’aide de la femelle, il charge Deng sur ses épaules ; il titube, a-t-il trop préjugé de ses forces ? Le bosquet est si proche ; il suffit qu’il lui reste assez de force pour trotter jusqu’au bosquet ; il lui reste assez de force pour trotter jusqu’au bosquet ; Arua et les siens attendent au bosquet ; jusqu’au bosquet ; mais d’abord, jusqu’à la pierre qui bouge au fond la clairière aux sentiers droits.

Le loup ne veut pas détourner son attention de l’effort d’Usi ; il lui semble que s’il détourne cette attention, le deux-pieds tombera ; mais malgré lui, le loup doit regarder ailleurs ; il lutte, mais il ne peut pas ; là-bas, au coin de la muraille, en grand nombre, des Xorch’s viennent d’apparaître ; ils courent, rapides, en direction du bosquet ; avec des lianes, ils retiennent des molosses qui crient ; les compagnons d’Arua ont peur, ils veulent s’enfuir ; Arua et Loup-fauve ont peur ; ils veulent rester ; ils doivent rester ; les compagnons d’Arua reculent au fond du bosquet ; mais ils n’osent pas s’élancer plus loin dans la nuit ; les Xorch’s approchent, mais ils ne portent aucune attention au bosquet ; ce qu’ils surveillent, c’est le pied de la muraille, aux alentours de la pierre mobile qui devait délivrer Usi ! L’anxiété de Loup-fauve est à son comble. La pierre est devenue un piège ! Usi va-t-il se laisser surprendre ?

Les molosses perçoivent l’odeur du loup, et cela les rend agités et nerveux ; mais leur odorat est trop imprécis et incertain, pour situer leur ennemi ; quant aux Xorch’s, ils ne se soucient que de la seule muraille. L’attention de Loup-fauve retourne à la clairière aux sentiers droits. La femelle a pesé sur la pierre, mais sans doute guidée par l’intuition, elle ne la pas déplacée, ménageant seulement un mince espace, invisible de l’extérieur, mais suffisant pour permettre à la deux-pieds d’observer de l’autre côté de la muraille. Usi ne sera pas surpris par les Xorch’s. Évitera-t-il pour autant ces derniers ?

La deux-pieds supplie Usi. Mais comme à son ordinaire, Usi n’écoute personne. Déjà, il a poussé la pierre. Le mort dans les bras, comme une femelle deux-pieds porte un petit, il s’élance ! Il ne court pas d’abord vers le bosquet, mais le long de la muraille. Aussitôt, les Xorch’s s’élancent derrière l’ombre qu’ils devinent, plutôt qu’ils ne la voient. Ils libèrent les molosses. À l’instant, c’est une meute hurlante et furieuse qui s’efforce derrière le coureur. Mais ce dernier va si bon train qu’il ne peut être rejoint. Bientôt, il a distancé ses poursuivants, il contourne leur horde fiévreuse, il fonce vers le bosquet. L’incroyable se produit, le fuyard a rejoint les deux-pieds du bosquet. Il leur jette sa charge. Ces derniers s’en emparent aussitôt, et se fondent prestement dans la nuit. Ils ne seront, à l’évidence, rejoints ni par les Xorch’s, ni par leurs molosses. Usi, épuisé par l’effort, n’a même pas tenté de les suivre. Effondré sur le sol, hors d’haleine, il attend paisiblement la mort, complètement satisfait d’avoir réussi sa mission. Indifférent aux crocs furieux qui maintenant lui lacèrent les chairs, torturent son corps, secouent avec fureur ses membres qui se disloquent, indifférent même à la vie qui se disperse aux gueules furieuses des molosses, que plus rien ne saurait désormais distraire.

Loup-fauve gronde sourdement ; des images, seulement des images ; la pierre au pied de la muraille n’a pas bougé, et personne ne s’en est échappé.

Dans la clairière aux sentiers droits, la deux-pieds supplie Usi ; chargé de la dépouille, il n’a aucune chance d’échapper aux Xorch’s ; Usi pousse la pierre ; il a son fardeau dans les bras, il s’élance, avec un cri si sauvage, si farouche et désespéré, que dans un premier temps, les Xorch’s et leurs molosses en restent pétrifiés ! Mais bientôt, ceux-ci se reprennent ; Usi n’a plus assez de souffle pour crier encore ; son effort est surhumain ; pendant un court instant, on peut croire qu’il pourra échapper aux molosses ; mais ces derniers, inexorablement, gagnent et se rapprochent ; dans la nuit, on distingue mal le coureur épuisé de ses poursuivants ; et, très vite, dans un désordre de cauchemar, la course s’arrête, aucun doute, le fuyard a été rattrapé ; malgré l’obscurité, on devine la curée.

Derrière la pierre, qui n’a pas bougé, la deux-pieds se moque d’Usi ; Usi, chargé de son fardeau, seul devant la meute impuissante de ses poursuivants ! Le rêve absolu de tous les coureurs donzes ! Un rêve hors d’atteinte ! Avec un tel chargement, même le grand Nam eût été forcé de renoncer !

Usi baisse la tête. Mais la deux-pieds le devine, il n’est pas encore vaincu. C’est qu’il préfère mille fois la mort à l’abandon de la dépouille. Alors la femelle se résigne à livrer son secret. Usi ne doit pas mourir. S’il meurt, elle ne pourra l’éviter : le fils d’Usi sera élevé par les Xorch’s ! Il deviendra Xorch’s lui-même. Usi doit-il sacrifier le destin de son fils à la cause d’un cadavre ? Usi ne comprend pas. La femelle continue d’implorer ; Usi doit sauver sa vie, et s’enfuir avec elle ; le fils d’Usi ne doit pas naître au sein de la cité Xorch’s ; le fils d’Usi doit naître libre : telle serait la volonté de Deng ! Un fils d’Usi, c’est le sang de Deng, le sang de Deng ne doit pas tomber entre des mains xorch’s !

Maintenant, Usi a compris ; dans la clairière aux sentiers droits, on a installé un repaire qui sert à remiser des objets que les Isiatiles utilisent pour couper les branches et ramasser les feuilles mortes ; le bruit de la cité ne cesse de grandir, toujours plus proche ; le rapt du mourant est-il découvert ? Il faut aller vite : Usi et la deux-pieds cachent la dépouille sous le repaire : la deux-pieds est formelle, personne n’ira jusqu’à cette remise un jour de sacrifice ; jusqu’au surlendemain, au moins, la dépouille est là plus en sécurité qu’en n’importe quel autre endroit de la cité.

Les bruits de la ville sont plus forts, plus proches. La femelle explique : il faut fuir la clairière aux sentiers droits ; tôt ou tard, des moines guerriers pourraient venir ; il faut fuir ; Usi retient la femelle : il lui prend les mains ; il la remercie pour son fils ; il lui fait la promesse : elle quittera bientôt la cité maudite ; il veut lui donner un nom ; la femelle accepte ; il lui donne un nom ; Musine, il l’appelle Musine ; la femelle incline la tête avec grâce ; désormais, elle a un nom, elle s’appelle Musine ; mais à présent, il faut fuir la clairière aux sentiers droits ; Musine entraîne Usi ; elle sait où ils pourront trouver refuge. Au moins pour quelques instants. 

Le Grand-prêtre

Dans la petite case qui lui est réservée pour son usage privé, le Grand-prêtre a l’impression d’étouffer. Angoisse et agacement. Ce que lui rapporte son interlocuteur, timidement retranché dans le coin le plus obscur de la case, l’inquiète au plus haut point. Deux moines ont disparu. Pas n’importe quels moines : mais les deux plus fidèles amis du moine chargé de veiller le prisonnier. Pourquoi les amis du veilleur se seraient-il enfuis, si ce n’est qu’ils sont accompagnés, précisément par le veilleur !

— Tu n’es qu’un imbécile, finit-il par exploser ; si le moine de la fosse a pu fuir, il n’y a que deux possibilités ; ou le prisonnier est mort, ou celui-ci s’est enfui avec le moine.

— L’Empereur…

— L’Empereur doit avoir un plan ! Et c’est précisément ce plan que j’enrage de ne pas deviner ! Mais tout cela n’est pas bon pour nous ! Si le moine n’est pas retrouvé dans la cité, et mon instinct me dit qu’il ne le sera pas, pour le peuple, il n’y aura pas de doute ! Le moine se sera réfugié quelque part dans le sanctuaire et d’une manière ou d’une autre, nous, prêtres et moines, tous les religieux, nous serons ses complices ! Où est Xiri ?

— Le bruit court qu’il s’est rendu sur la montagne pour s’assurer de l’intégrité du petit sanctuaire ; il n’est rien arrivé au petit sanctuaire, mais la patrouille de Xiri a perdu un homme, de manière inexpliquée et Xiri en a paru très contrarié. Il ne s’agissait pourtant que d’un guerrier de second ordre.

— Les dieux semblent bien s’acharner contre ce chef. Chaque pas qu’il marche en direction du pouvoir se retourne contre lui. Celui qui veut le pouvoir ne compte ni ne se soucie des cadavres ! Malbu ne compte ni ne se soucie des cadavres. Xiri a l’intelligence, et de nombreux amis. Malbu n’a que sa cruauté. Mais c’est un homme déterminé. Xiri finira-t-il par le devenir enfin ? Que fait l’Impératrice ?

— Elle est retranchée dans ses appartements, et reçoit les unes après les autres ses plus fidèles Isiatiles. Mais ce qui semble le plus certain, c’est qu’elle cherche désormais le moyen de retrouver les bonnes grâces de son époux, l’Empereur.

— En ce cas, les jeux sont faits, Xiri ne compte plus beaucoup d’alliés de poids ! Et pour nous, il importe de retrouver le moine avant qu’il n’ait trouvé le moyen de quitter la cité ! Une nécessité d’autant plus grande que mon instinct me le dit avec certitude : le moine n’agit pas seul ! Il a sans doute de secrètes alliances, et je ne serais pas autrement surpris que le mort de Xiri ait quelque chose à y voir ! Fais passer le mot à tous les prêtres, les moines, et aussi les Isiatiles : il nous faut retrouver le moine, et il nous le faut vivant ! Et trouve le moyen de faire savoir à l’Impératrice que nous pouvons avoir quelque chose à lui proposer !

— Proposer quelque chose à l’Impératrice ! Nous écouterait-elle ?

— C’est une grave période d’incertitudes. Les amitiés et les inimitiés vont se refaire et se défaire. D’obscurs projets parcourent la cité. Le désastre de la journée d’hier ne peut être le fruit du hasard ; c’est à l’évidence un projet préparé de longue date. Et qui devine les intentions de l’Empereur ? Ce qu’il sait ? Ce qu’il fera ? Jamais, jamais la religion de la cité n’a été autant menacée ! Plus que jamais, il nous faut prier nos dieux, pour qu’ils inspirent les bons choix à leurs serviteurs les plus dévoués ! 

 

 

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