La socialisation, si on en parlait ?

Je ne sais pas quel est votre avis, mais je vous le dis tout net, ces explications, pour brillantes qu’elles puissent paraître à priori, me laissent plutôt perplexe.
Premier souci : que se passe-t-il si le louveteau a été offert, non pas après, mais AVANT qu’il ait atteint l’âge de trois semaines ? Il n’aurait pas survécu, mis si jeune à une alimentation au lait humain me répondra-t-on. Question : qui peut le dire, qui en a fait l’expérience ?
Et puisque nous en sommes aux questions, celle-ci : on nous dit que chez les enfants du loup, la socialisation, qui ne dure donc (vous l’aurez calculé) qu’une semaine, se termine à la troisième semaine. Soit, messieurs les spécialistes, mais seulement un point de détail : comment le savez-vous ?
La seule manière scientifique de le savoir est d’avoir observé un très grand nombre de loups, dans leur milieu naturel, et sans perturbation, c’est-à-dire en notre absence ! Le seul fait de notre présence étant de nature à perturber et donc à modifier plus ou moins gravement le comportement des animaux. Les ethnologues, quand ils sont honnêtes le disent : « si nous pouvons observer une population humaine primitive, c’est qu’elle est déjà un peu pourrie ! »
Alors, comment ce qui est vrai pour l’observation d’individus de notre espèce ne le serait-il pas, multiplié par cent, par mille, pour des sujets d’autres espèces !
Si vous venez m’affirmer que la période de socialisation du louveteau commence ou finit à tant de jours, si vous ne me dites pas clairement et en même temps comment vous avez obtenu cette information, je ferai peut-être mine de vous croire (à mon âge, on limite les conflits au strictement inévitable), mais, et c’est le moins que l’on puisse dire, vous ne m’aurez en réalité persuadé de rien !
D’autant plus que mes expériences personnelles d’élevage ne viennent pas corroborer ces informations, loin s’en faut !
Commençons par les loups : c’est vrai, je n’en ai jamais élevé personnellement, mais un des mes amis proches a élevé, au sein de sa famille, une louve. Qui n’a pas du tout pris la fuite à trois semaines, mais s’est au contraire montrée un très gentil loup de compagnie, y compris avec les étrangers, pendant une période assez longue, la situation ne venant à se dégrader pour devenir rapidement insupportable, qu’au moment de la puberté (de la louve, bien entendu).
Par ailleurs, oserais-je le dire : je n’ai pas élevé de loups, mais des chiens, si, et même plus que je puisse m’en souvenir ! Et bien, de toutes ces portées élevées les unes après les autres, et malgré tous mes efforts à les détecter, non, je n’ai jamais, jamais, observé, ni la fin, ni même le début de quelque période de socialisation que ce soit.
Les chiots, pratiquement dès leur naissance, et bien avant d’ouvrir les yeux manifestent un intérêt pour leur environnement et notamment pour l’éleveur. Enfin, je n’ai jamais observé, chez aucun chiot, à quelque date que ce soit, de phénomène de « fermeture », ni les symptômes d’une quelconque période de post socialisation.
Mais laissons, pour le moment, cette question, nous réservant d’y revenir plus tard.
(Extrait du cours éducateur canin comportementaliste – AUDRECO)
