Le chien errant est malheureux ! Vrai ou faux ? Vous répondez « vrai » ? Et si on demandait leur avis… aux chiens ?
Le chien errant est malheureux, ne peut être que malheureux, c’est une affaire entendue. L’expression elle-même est d’ailleurs fortement connotée : l’errance, n’est-ce pas le fait de n’avoir aucun lieu où pouvoir se fixer ?
Choisi, subi ?
L’idée que ce mode de vie pourrait être choisi, et non subi, est totalement inconcevable à beaucoup, au point que dans certains pays comme la France, le chien errant n’a tout simplement pas droit à l’existence !
L’animal qui s’y essaye est tôt ou tard capturé, puis enfermé dans un enclos étroit, où le mieux qui puisse lui arriver est de se voir confié à quelque « adopteur ». Celui-ci sera persuadé d’agir pour le bien du chien, ce qui épargnera à celui-ci, une euthanasie très vraisemblable, mais le laissera toujours privé de liberté.
Vagabondage choisi ?
Bien sûr, le captif peut attendre et espérer un moment d’inattention de son propriétaire gardien, pour retourner à ses envies de vagabondage. Et c’est se qui se passe en effet le plus souvent, car en dépit de l’opinion commune, nombre de chiens vagabonds semblent tout bonnement être heureux d’être vagabonds.
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Histoire de chiens sans maîtres
Et de fait, dans d’autres pays, les « chiens sans maîtres » ne choquent personne, et l’on peut observer que de tels animaux paraissent se satisfaire tout à fait de leur sort.
Parfois, ces « mordus » du vagabondage s’arrêtent pour une halte d’un jour, d’une semaine, ou d’un an, dans quelque voisinage où ils trouvent gîte et couvert.
Puis ils repartent, au gré de leur fantaisie.
Le chien errant est malheureux… sauf s’il choisit lui-même cette situation
J’ai décrit dans un livre traitant du comportement et dans notre cours de comportement différents types d’organisation de ces populations de « chiens libres ».
Ici, il peut se former des groupes plus ou moins stables ; ailleurs, les chiens vont toujours individuellement, se fixant chacun plus ou moins à un « domicile », dont ils défendent avec beaucoup d’efficacité la propriété, mais sans s’interdire cependant des vagabondages plus ou moins lointains.
En réalité, il est difficile de découvrir des règles, tant les types d’organisation que l’on peut observer sont nombreux.
La ressource alimentaire
Mais ce qui est certain, c’est qu’à partir du moment où le problème de la ressource alimentaire se trouve à peu près résolu, soit par la générosité d’une population, soit plus souvent par celle de ses poubelles, les chiens sans maîtres coulent une vie qui semble parfaitement les satisfaire.
On n’en rencontre par exemple jamais qui passent leurs journées à aboyer ou japper de désespoir, ou tourner follement en rond dans un « jardin » ou un enclos : le plus souvent ces animaux « errants » s’insèrent très bien au sein des sociétés humaines, sans poser de problèmes.
Inutile pour ces chiens de suivre par exemple les conseils de cet article : « Mon chien pleure quand il est seul ! »
Free ranging dogs
Aux États-Unis, on parle de « free ranging dogs », « chiens errants librement », et dans plusieurs états, cette situation est parfaitement tolérée.
Le phénomène peut même s’observer au sein de grandes métropoles, dont je tairai les noms, pour éviter les polémiques.
Mais dans certaines grandes villes (y compris en Europe), des chiens sans maîtres, plus ou moins errants, mènent une vie paisible et heureuse parmi une population, qui les acceptant complètement, se charge de les nourrir, voire de les soigner, tout en respectant leur goût pour une vie libre.
J’ai d’ailleurs longuement abordé cette question dans mon livre « Education réciproque » !
Chiens libres en milieu urbain (Russie, Wikipedia)
Le chien errant est malheureux… toujours ?
Pour beaucoup, un chien sans maître, qui va où bon lui semble et n’a pas de domicile fixe, ne peut être qu’un « chien abandonné », forcément malheureux de sa situation.
Mais si ses chiens pouvaient parler, gageons que le discours que certains d’entre eux nous tiendraient pourrait nous surprendre.
Comme pourrait nous surprendre aussi celui d’autres chiens ayant un maître, qui ne rêvent peut-être bien, qu’évasion et liberté…
Parlons vrai !
La vérité est que les pays qui refusent la liberté au chien le font d’abord pour le confort des humains, et par souci d’éviter les nuisances que pourraient produire les animaux errants. Cela peut parfaitement se défendre, mais pas d’hypocrisie, le point de vue des chiens, de chaque individu chien, n’est l’objet d’aucune considération. Et je ne suis pas sûr que cela soit complètement satisfaisant.
Car nous avons trop souvent tendance à l’oublier : « Ce n’est pas l’homme qui a choisi le chien, c’est le loup qui a choisi l’homme ! »
« Chien errant librement » (Etats-Unis, Wikipedia)
L’auteur avec deux chiens sans maître (Sud Maroc)
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